dimanche 6 avril 2008

A l'heure anglaise


On a commencé par prendre le thé, après avoir partagé un banc dans le parc, à côté d’un gardien noir ou plutôt jaune fluo et discuté de gens qui ne vivent pas dans la réalité.
Un couple de chinois prenait des photos au milieu des jonquilles et le gardien jaune fluo pensait se fondre dans le paysage.

Pas n’importe où ce thé. Chez Fortnum & Mason.

Mais la jeune fille qui a pris la commande ne portait pas de petit bonnet et nous a répondu en français. Elle avait de petites dents et aurait tout aussi bien pu servir chez Mac Donald.

Le thé était cher et difficile à apprécier ; le petit scone insignifiant parmi les milliers déjà servis dans la journée.
Mais j'aime aller là... pour les étiquettes de confiture.

Papa m’ayant permis de choisir quelques pots, le pétale de rose-fraise, le fraise des bois et le lemon curd se sont donc retrouvés dans mon panier d’abord pour leur emballage, et puis parce que je n’aurais jamais osé donner autant pour un pot de confiture, surtout si je le choisis principalement pour son aspect extérieur.

Pour mon plus grand bonheur pour une fois, Papa discutait avec un client entre le rayon des thés parfumés et l'étalage de macarons, me laissant admirer tranquillement mon coin préféré et constater que mes essais personnels ont décidément bien pâle figure...



Dormir dans une chambre d’hotel avec son papa le jour de son anniversaire n’est pas le genre de situation confortable qu’on souhaiterait pour passer d’une année à une autre mais tout commençait bien. Comme je lui ressemble, les gens ne devaient pas se poser trop de questions. Et puis les lits étaient légèrement séparés. Et il y a avait la télé pour combler les blancs et pour garder quelques conversations pour plus tard.

Le restaurant était dans la même rue. C’est Diana qui l’a choisi pour nous.

« Tu as besoin de quelque chose de cher, de chic, avec des gens célèbres ». Elle ne me connaît pas encore assez pour savoir que je voulais « old-fashioned, des serveuses avec des tabliers en dentelle et du trifle en dessert ».

C'était cher, c'était chic, il y avait un sosie de Sarkozy, un autre Papa fier de sa fille qui mangeait ses huîtres avec le même air blasé qu'on prendrait devant une omelette au fromage, le serveur -même s'il était français- a continué à nous parler en anglais, la cuisinière se promenait dans la salle pour vérifier si tout le monde était content, elle portait un tablier avec un gros noeud derrière, un plateau de fromage circulait sur des roulettes autour des tables, et j'ai mangé du homard et du trifle en dessert.






Trifle pommes et mûres comme Bonne-Maman

600 ml de crème fraîche (non allégée!)
2 jaunes d'oeuf
2 oeufs entiers
100 gr de sucre
1 gousse de vanille
un reste de cake un peu trop sec
4 grosses pommes
de la confiture de mûre
canelle
5 cuillères à soupe de Calvados

Emietter grossièrement le vieux cake dans un plat profond et l'arroser de Calvados parce que c'est bon pour son moral et pour le nôtre aussi.
Peler les pommes, les couper en morceaux et les faire cuire à feu doux avec quelques cuillères de confiture de mûre et quelques pincées de canelle.
Préparer la crème anglaise: faire bouillir 450ml de crème avec les graines extraites de la gousse de vanille.
Pendant ce temps, mélanger les deux oeufs, les deux jaunes et 85 gr de sucre dans un grand bol.
Dès que la crème bout, la verser sur le mélange d'oeufs et bien remuer au fouet.
Transvaser ensuite la crème dans la casserole et la remettre sur feu très doux, tout en remuant constamment (au bain-marie si vous êtes courageux). Elle devrait épaissir peu à peu...
Passer au mixer le restant de crème (150 ml) avec le restant de sucre (15 gr) pour en faire de la Chantilly. Attention, pas trop longtemps sinon elle devient solide.
Laisser refroidir les pommes et la crème anglaise.
Couvrir le vieux cake alcoolique avec la compote, puis ajouter la crème anglaise et enfin la Chantilly.
A déguster tiède (enfin c'est mon avis)...

Le trifle est la spécialité de ma grand-mère et je suis la seule à l'apprécier dans la famille. Enfin, depuis qu'on l'a remplacé par des tartes commandées chez Françoise, il n'est plus qu'un bon sujet de rigolade collectif, un lointain souvenir désagréable pour mon oncle, un petit complexe amer pour ma bonne-maman et un invité toujours absent pour moi...

2 commentaires:

patoumi a dit…

Chère Miss Popote, quel plaisir de lire ce texte avant d'aller au lit!
D'abord, l'anecdote de F&M me ravit. Elle me rappelle un récit lu sur un très chouette blog qui n'existe plus désormais mais qui m'a donné envie d'écrire le mien. Il s'appelait "French toast" et son auteur, Lisa, vivait à New York. Elle était venue à Londres avec A., son amoureux, et avait raconté un goûter à F&M. Pour ma part, j'ai été très impolimment invité par un de leurs gardiens à ne pas prendre en photo le rayon des confitures.
Bref.
Et ton récit de restaurant est délicieux.
Mais comment ce fait-il que tu aies eu du "cake sec" à disposition?
Bonne nuit.

patoumi a dit…

Un seul m et un e de plus et tout va mieux.