samedi 6 avril 2013

0h72

 

La raie entre les seins qui dépasse sciemment d'un décolleté.
Plus inconsciemment, celle des orteils dans des souliers à talon noirs.
Laisser tomber ses deux mains vers le bas, à la hauteur du nombril, les coudes pliés en levant les yeux au ciel (après avoir fait la vaisselle par exemple), croiser les jambes, étaient pour moi les signes qu'on est un adulte.

Je me pinçais alors les nènès pour nourrir ma poupée tous les soirs et une fois la lumière éteinte, en me léchant les doigts, je feignais une séance de maquillage avant de m'endormir un peu plus vieille.

Le mot "nonette" était difficile à prononcer, avec les playmobiles roses je pensais qu'on ne pouvait jouer qu'au déménagement, comme indiqué sur la boîte, le délice d'un bonbon le plus rose et sûr possible.

Par contre le goût de la pâte à cake crue est toujours le même.
 
J'étais persuadée de jouer Mozart en me présentant à 8 ans à mon professeur de piano.
Et mes copies de Monet étaient, selon moi, bien supérieures aux modèles.
Quant à cette robe à fleurs vertes, roses et bleues qui couvraient toute la surface du tissu sauf le col, je pensais qu'elle grandirait avec moi.

Je faisais semblant de tomber de mon lit, tombais vraiment et attirais ainsi l'attention du dortoir.
J'ai été "somnambule" aussi.

Je me souviens du plaisir d'apprendre toute les semaines une nouvelle lettre, avec un signe et une histoire. Maman m'a appris que les oeillets sont des fleurs "communes", les flans au persil trop compliqués à faire et, par conséquent, réservés aux occasions très spéciales. "Belle du seigneur" était un livre pour adulte.

Etre adulte, c'est aimer les oeillets, avoir compris, à cause de Belle du Seigneur, ce que c'est que la passion, regarder la robe à fleurs avec regrets.
Savoir faire, par coeur, les flans au persil à toutes les occasions.
Et avoir la raie des orteils qui dépasse d'une paire de chaussures noires.


Eggs Benedict
(pour 2)

4 tranches de bacon
2 english muffins
4 oeufs frais
3 jaunes d'oeuf
du vinaigre blanc
un peu d'eau
175g de beurre
de la ciboulette
sel et poivre


Commencer par frire le bacon dans une poêle.
Pendant que le bacon cuit, faire bouillir une grande casserole d'eau puis ajouter 2 cuillères à café de vinaigre. Reporter à ébullition. Ne pas oublier le bacon.
 
Préparer la sauce hollandaise:
Dans une petite casserole sur feu doux, faire réduire 1 cuillère à soupe de vinaigre à 1 cuillère à café.
Laisser refroidir.
Ajouter les jaunes, une noix de beurre, 1 cuillère à soupe d'eau et 1 pincée de sel.
Faire cuire le tout au bain-marie, en fouettant bien.
Ajouter le beurre progressivement, toujours sur le bain-marien en fouettant.
Rajouter un peu d'eau si la sauce est trop épaisse.
 
Pocher les oeufs. Technique ici:
 
Trancher les muffins dans l'épaisseur et les toaster. Puis les beurrer.
Placer une tranche de bacon puis un oeuf poché sur chaque moitié de muffin.
recouvrir de sauce hollandaise.
Parsemer de ciboulette hâchée et poivrer généreusement.
Servir tout de suite!
 


mercredi 19 décembre 2012

Viennoiserie

 
Vienne est une vieille dame en manteau de fourrure trop longtemps porté. Les poils argentés collent sur sa peau fripée, se coincent entre les plis comme des fossiles.
Elle fume dans les cafés, garde son chapeau sur sa tête alors qu'elle enlève son manteau. Son chapeau vert mêlé de pourpre camoufle ses cheveux épars mais toujours bien coiffés.
 
Hawelka, Landtman, Braeunerhof sont ses amants. Elle laisse sur leur peau son parfum capiteux.
Ses souliers usés par la valse claquent sur les pavés comme les sabots des calèches. Opéra, hôtels de luxe, lustres et biscuits sont ses parures.
 
Délicatement ivre, elle reste toujours digne et déguste une käsekrainer sans tâcher ses gants de velours. Elle sirote une bière comme une coupe de champagne, pendant que le schnaps et le café crème coulent dans ses veines comme du sang venimeux.
 
Au son de la valse elle se promène, promène un chien plus proche du rat.
 
 
Kaiserschmarrn
 
-pour 4 personnes-
 
25cl de lait
150g de farine
1 pincée de sel
4 oeufs
30g de sucre cristallisé
1 noix de beurre
1 gousse de vanille
30g de raisins secs
du sucre impalpable
1 schluck de rhum
 
 
Faire tremper les raisins dans le rhum.
Mélanger le lait, la pincée de sel, la farine et les jaunes d'oeufs.
Battre les blancs en neige avec le sucre cristallisé et les incorporer ensuite délicatement à la première préparation.
Ajouter les raisins.
Faire fondre le beurre dans une poêle.
Verser une partie de la pâte dans la poêle et la cuire comme une crêpe que l'on retourne, une fois dorée d'un côté.
Avant que l'autre côté ne soit doré, avec une spatule en bois, couper la crêpe en petits carrés et les faire bien dorer.
Servir chaud, saupoudré de sucre impalpable, avec une bonne dose de compote de prune (Zwetschkenröster). 
 
 


lundi 3 septembre 2012

lundi 11 juin 2012

Collique lubroque


Est-ce que c'est quand on s'emmêle les doigts?
Est-ce que c'est quand on s'embrasse pour la première fois?
Est-ce que c'est quand?
Et tout a balancé.

Il n'a pas d'odeur. Pour ne pas laisser d'indice, brouiller les pistes.
Je cherche en vain sur mes doigts une trace de jacinthe, de roquefort, de maïs, de cannelle ou de gaz.

Il n'y a pas d'amour dans ses baisers, ses caresses sont stériles, sa langue trop dure, ses mains sans conviction.

Pourtant, comme un insecte sur le dos, je me débats.

Et j'ai serré son pull comme un amant qui va partir.
Et j'ai guetté, tous les matins, le carosse vert caca d'oie.





Spaghetti carbonara
(pour 1 personne)

100 gr de spaghetti capellini
1 échalote
2 gousses d'ail
100 gr de lardons fumés
1 oeuf
1dl de crème fraîche
100gr de gruyère rapé
thym
ciboulette fraîche
persil frais
sauge fraîche
5 feuilles de basilic


Faire bouillir de l'eau légèrement salée.

Pendant ce temps, faire frire l'échalote et l'ail hâchés dans une poêle huilée, avec le thym.
Poivrer généreusement.
Ajouter les lardons.

Hâcher finement la ciboulette, le persil, la sauge et le basilic.

Quand l'eau bout, jeter les spaghettis dans la casserole.

Dans un grand bol, mélanger activement l'oeuf, la crème, la ciboulette, la sauge et le basilic.
Saler ce mélange légèrement puis ajouter le fromage rapé.

Egoutter les spaghettis quand ils sont "al dente".
Les jeter, encore bien chauds, dans le bol avec la préparation oeuf-crème-herbes.
Bien mélanger.
Ajouter le contenu de la poêle.
Servir trop chaud.