mercredi 28 mai 2008

Un dimanche à la campagne

Toi tu vas cueillir des fleurs et tu me fais trois bouquets.
Elisabeth m'a tendu les ciseaux, la pointe tournée vers moi. Sa violence habituelle que l'on met sur le compte de son sang russe, m'a une fois de plus surprise mais pour une fois ravie.
J'aime bien les fleurs.

Ail sauvage et iris. L'iris n'ayant aucune odeur, le parfum des chambres est inhabituel.
Mais moi je dormirai dans un arbre.

En ces temps de défrontièrisation, il m'arrive trop souvent d'avoir besoin d'un petit goût d'authentique, à la sauce tradition et parfumé de vieilles habitudes.
Oui, j'ai bien expérimenté les déjeuners en culotte courte au Art Club, bu l'afternoon tea avec des scones à la marmelade, ou du Pimm's sur une couverture au milieu des jonquilles, échangé ma veste orange contre une à carreaux rouges et bleus, suivi de près le mariage du petit-fils de la reine et assisté à la course d'aviron qui entretient chaque année les rivalités entre Oxford et Cambridge, remplacé ma couque suisse matinale par un oeuf au bacon et envoyé pas mal de petits agneaux blancs dans les profondeurs de mon estomac, rien de tout cela ne m'aurait préparée à ce qui allait m'arriver ce week-end...

Passer la matinée dans un champ, avec mon patron, à cueillir des asperges. Puis les manger avec les doigts, dégoulinant de beurre fondu, les grains de sel gris croquant sous les dents.

Alors que la veille, j'appréhendais la nuit avec deux grosses araignées et une bande de fantômes en canotier dans la cabane dans les bois, celle qui servait au siècle passé à sécher les coussins des bateaux du coin. Mais même si elle fut courte, le bonheur de contempler le lendemain matin à la fenêtre un tableau de Monet: une barque, un saule pleureur, avec des reflets dans l'eau.
Marcher ensuite dans l'herbe mouillée d'un jardin désorganisé, à pieds nus, avant d'enfiler ses bottes pour la cueillette.

J'ai du mal à suivre les conversations. L'alcool de mûre préparé par Elisabeth deux ans plus tôt m'aide à placer un mot ou deux mais en laisse filer beaucoup trop.
Autour du roast beef et du yorkshire pudding, une arrière-grande-tante qui a lancé le combat contre les poulets élevés en batterie avant Jamie Oliver mais qui, comme lui, aimait la confiture maison, et le halo qui entourait Nureyev quand il dansait le Lac des Cygnes vu de derrière la scène. Sans oublier le petit chat offert par Brigitte Bardot à Elisabeth alors qu'Edith Piaf posait pour sa mère, et le fameux 'C word' ou 'seaword' qui serait la pire insulte en anglais mais que personne n'a voulu m'expliquer.

Mais j'ai appris à réchauffer les assiettes avant de servir, à consciencieusement disposer tous les ingrédients sur ma fourchette pour chaque bouchée, à manger de la confiture à tous les repas, à lire le journal à table au petit déjeuner, à dire gosh, yak et yummy à la place de mon dieu, berk et miam, et à cueillir des asperges sans déchirer la tige.
Pour le lait dans mon thé, ça mettra plus de temps.

Enfin, rentrer le dimanche soir avec un petit pot de chutney de coing et un bouquet d'iris jaunes, la tête pleine de ...






Roast beef

1 rôti de boeuf (compter 150 g par personne)
3 c. à s. de farine (braisée)
1 c. à c. de paprika moulu
1 c. à c. de graines de moutarde moulues
1 bouteille de vin rouge
graisse de canard

Braiser la farine dans une poêle (j'ai loupé cet épisode).
Mélanger la farine, le paprika et les graines de moutarde.
En poudrer le boeuf (généreusement comme une Marie-Antoinette et en le frictionnant)
Poser le rôti sur une grille posée sur un plat dans lequel on a versé une demi bouteille de vin rouge, dilué un petit verre d'eau et noyé une cuillère à soupe de graisse de canard.
La poudre fera croustiller le rôti et la vapeur du vin l'ennivrera.
Mettre au four très chaud (250°C?). Le temps de cuisson dépend de sa taille (environ 20 minutes par kilo). A vous de voir...
Et laisser de la place pour les suivants.
Terminer la cuisson du boeuf trempé dans le jus.
Terminer la cuisson du jus dans une poêle à feux doux et laisser réduire quelques minutes.

Potatoes

quelques pommes de terre à chair ferme
graisse de canard
des grains de gros sel

Précuire les pommes de terre coupées en quartier 10 minutes dans de l'eau bouillante salée.
Les mettre dans un plat avec quelques noisettes de graisse de canard et les parsemer de grains de sel.
Mettre le plat au four, à côté du roasting beef.
Ne pas oublier de les remuer de temps en temps.

Yorkshire Pudding

1 mesure de farine
1 mesure d'oeufs battus
1 mesure de lait entier
1 filet d'huile de tournesol ou de maïs
1 bonne pincée de sel
1 noisette de graisse de canard
.
Mixer les ingrédients (sauf la graisse de canard) pendant quelques minutes.
Laisser reposer au frigo pendant une bonne demi-heure.
Placer une noix de graisse de canard dans des petits moules ronds (ou dans un grand ça marche aussi). Les mettre au four pendant 3 minutes.
Verser la pâte dans les moules.
Et remettre au four pendant 20 minutes. Les puddings vont gonfler et dorer.

Sauce au raifort

crème épaisse
raifort
Râper le raifort.
L'intégrer dans la crème.
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Servir deux tranches de roast beef, un pudding, quelques pommes de terre, la gravy sauce et la sauce au raifort. Et une petite salade d'épinards pour un peu de légèreté.
.
(merci à Elisabeth qui m'a laissée l'observer)

jeudi 15 mai 2008

Les vies parallèles



J'aurais pu...

faire danser mes invités sur un air d'accordéon, avoir un petit garçon de 4 ans et demi, parler parfaitement le grec ancien, déambuler entre les gratte-ciels d'une grosse pomme en rentrant du boulot, avoir de très longs cheveux blonds, jouer par coeur et parfaitement le prélude de Rachmaninov, continuer à me lever à 5h45 pour prendre le train pour Anvers, avoir un anneau à l'annulaire droit, placarder les murs de ma chambre de papiers peints faits maison, avoir une meilleure amie, travailler dans l'aile droite d'une ancienne église au milieu de tableaux anglais, porter des boucles d'oreille en forme de cosse de petits pois et des souliers vernis mauves et pointus.

Petite, j'ai reçu un livre où il fallait choisir le chemin qu'Alice prenait au pays des merveilles. En choisissant la droite, elle rencontrait le chat tigré; la gauche, la chenille camée.
Je n'ai jamais pu m'empêcher de tourner les pages avant de me décider, pour voir ce qui se passerait si elle choisissait la gauche et ce qu'elle ratait si elle ne prenait pas la droite.

Aujourd'hui rien n'a changé. Gauche et droite me tiraillent toujours autant. Je suis souvent coincée... mais je ne peux plus tourner les pages.
Je n'aime pas choisir parce que je ne veux rien sacrifier.
Donc calculer, faire trop de choses en même temps, changer souvent d'avis.

Pourtant, ça devrait être assez facile. Il suffirait de ne pas avoir de regrets en pensant aux autres vies qu'on aurait pu vivre.



Macaronds
pour 12 biscuits au poivre noir

100g de farine
35g de flocons d'avoine
50g de sucre de canne
2 pincées de bicarbonate de soude
1/2 c. à c. de sel
1/2 c.à c. de poivre noir moulu
60g de beurre
1 c.à s. de lait

2 ou 3 avocats bien mûrs
(ceux qu'on peut manger, ou ceux qui parlent bien)

Broyer les flocons d'avoine.
Mélanger les ingrédients secs: l'avoine, la farine, le sucre (50g c'était un peu beaucoup, si j'étais vous j'en mettrais moins), le bicarbonate, le sel et le poivre.
Ajouter le beurre en morceaux et mélanger en sablant avec les doigts (faire des petits grumeaux).
Ajouter le lait et former une boule sans trop travailler la pâte.
Laisser reposer 1h au frais.
Préchauffer le four à 150°C et étaler un papier sulfurisé sur la plaque.
Etaler la pâte au rouleau à pâtisserie et former des disques identiques avec un verre par exemple.
Cuire 20 à 25 minutes.
Ecraser les avocats pour former une pâte et en tartiner 6 biscuits lorsqu'ils ont bien refroidis.
Ajouter les petits chapeaux et essayer de les manger sans en mettre partout!

La fadeur et le moelleux de l'avocat, le piquant et le croquant du biscuit, le sel et le sucre... tout y est, pas besoin de faire de choix!