dimanche 27 avril 2008

Pomme d'A.(point) pour un couple parfait

On la devine déjà de la première des trois pièces en enfilade du rez-de-chaussée de l'Hôtel Biron.
Une longue silhouette noire, difficile à mettre au point à cause de la lumière de la fenêtre derrière, dans une pièce lambrissée. Un tas de boue, ou de la suie en pâte, un gros chewing-gum noir.
Elle se cache d'abord avec son genou légèrement replié. Et puis avec ses bras. Le parquet craque.
Et d'un geste de la main elle doit demander qu'on la laisse tranquille. Elle a quelque chose à cacher qu'on ne doit pas voir mais qu'on photographie quand même. Alors elle se tord un peu plus et son genou se sert sur sa cuisse.
Mais les visiteurs s'en fichent.

Pomme d'appoint

3 boskoop (pour un petit goût acidulé)
le jus d'1/2 citron
1/2 c.à c. de cannelle
1 noisette de beurre
1 c.à c. de miel
un peu d'eau
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Peler les pommes et les couper en morceaux de tailles et d'épaisseurs différentes.
Faire fondre la noisette de beurre dans une petite casserole puis ajouter les pommes.
Cuire à feu très doux et arroser du jus de citron, de la cannelle et du miel .
Laisser sur le feu pendant 10 à 15 minutes.
Ajouter un peu d'eau en cours de cuisson pour éviter que le fond de la casserole ne crame et remuer de temps en temps.

Pour un couple parfait,
(au choix, parce que l'âme soeur je n'y crois pas)
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avec de la glace vanille si on veut faire sauter l'émail de ses dents
avec du yaourt si on évite le sucre par principe
avec des petits sablés si seuls on les trouve un peu secs
avec une tranche de pain de viande si on est belge
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La pensive Valeria vous présente Eve (1881) dans Un couple parfait de Nobuhiro Suwa (2006). Rodin ne l'a pas terminée parce que son modèle était enceinte et avait froid dans l'atelier.

dimanche 20 avril 2008

Une certaine beauté urbaine


  • Etre incapable de dire aurevoir correctement, faire pipi la porte ouverte et avoir un dentrifice tout sec parce que je n'aime pas fermer les choses
  • Mettre une grosse couche de confiture de myrtille sur mes tartines au peanut butter
  • Etre toujours à l'heure
  • Dormir dans les mêmes draps très longtemps
  • Etre très susceptible pour des choses que je voudrais entendre mais qu'on ne dit pas
  • Manger avec les doigts ou les tremper trop souvent dans la pâte parce que je suis très impatiente
  • Mettre mes pieds aussi dans les plats parce je me suis fais mal comprendre
  • Mordre au lieu d'embrasser
  • Etre incapable de regarder quelqu'un qui me demande des explications dans les yeux
  • M'arracher les cheveux quand je réfléchis
  • Pousser les crasses sous le lit ou dans les rayures du parquet
  • Lécher mon assiette le dos tourné si c'était bon, écouter un CD neuf jusqu'à ne plus pouvoir en entendre même parler, et partir la dernière parce que j'aime profiter des bonnes choses jusqu'à la moëlle, après la dernière miette
  • Faire semblant que je ne trouve pas mon téléphone quand je n'ai pas envie de répondre
  • Etre trop raisonnable même si je sais que les bonbons valent mieux que la raison
  • Avoir envie d'une cigarette quand je bois un truc alcoolisé, pétillant ou très sucré
  • Manger parfois mon lunch la veille, mon souper le matin, commencer par le dessert ou les 3 en même temps parce que je veux tout tout de suite
  • Etre trop enthousiaste pour des choses qui ne me regardent pas
  • Pleurer 48 heures avant mes petits ennuis mensuels mais rester aride dans les moments les plus tragiques
  • Changer d'avis souvent à force de trop calculer
  • Faire des longues listes mais les perdre ou ne jamais les respecter

Et puis regarder en l'air alors qu'il y a aussi des trucs intéressants par terre...


Léopoldine Roux était dans la même école que moi je crois, mais avant.
Elle fait des chewing-gum collés sur la route une oeuvre d'art, et puis aussi des taches de vernis, de ketchup ou de peinture mate qu'elle jette dans de jolis petits cahiers de toutes les couleurs.
Mais ça, Ed Ruscha y avait déjà pensé...


Quinze petites cakeccinelles
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1,5 cup de farine + 1 c.à soupe
2 c.à café de baking powder
1/2 c.à café de sel
1 cup yaourt entier (j'ai pris du grec)
1 cup de sucre + 1 c.à soupe
3 oeufs extra larges
1/2 cup d'huile végétale
2 c.à café d'extrait de vanille liquide
le zeste et le jus de 2 gros citrons
1 c.à soupe de graines de pavot
1,5 cup de myrtilles

Une recette piquée à Smitten Kitchen
Mélange 1: farine (sans la c.à soupe) + le baking powder + le sel.
Mélange 2: le yaourt + le sucre (sans la c.à soupe) + les oeufs un à un (bien mélanger) + l'huile + la vanille + le zeste.
Ajouter progressivement le mélange 1 dans le mélange 2.
Rouler les myrtilles dans la cuillère à soupe de farine (pour éviter qu'elles ne coulent dans le cake).
Les incorporer délicatement au mélange obtenu avec 1 et 2 (c'est-à-dire le 3). Vous suivez?
Ajouter les graines de pavot. Et mélanger délicatement sinon les baies éclatent et ça va faire une cakeccinnelle-trash.
Verser la pâte dans des moules à muffins ou dans un moule à cake (beurré, huilé, mou ou recouvert de papier sulfurisé) et lécher le plat parce que c'est bon.
Mettre les petites bêtes (ou la grosse) dans un four à 180°C pendant 20 (ou 50) minutes.
Pendant ce temps... mettre la cuillère à soupe de sucre restante dans une casserole avec le jus de citron. A feu doux, attendre que le sucre se dissolve et que le mélange devienne transparent en remuant légèrement avec une fourchette. Ne pas laisser bouillir surtout.
C'est prêt quand une pique plantée dans le flanc d'une bêbête en resort toute propre.
Et maintenant qu'elle est morte, y a plus qu'à la déguster après l'avoir badigeonnée du jus de citron...
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Et vous, vous regardez en l'air ou par terre? Et des mauvaises habitudes vous en avez vous aussi?

lundi 14 avril 2008

Les meetballs


Le vendredi soir est le moment de la semaine qui passe le plus difficilement.
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En rentrant du boulot après une semaine épuisante où les clignements de paupière se font de plus en plus rares pour une question de rentabilité, je traîne un peu les pieds.
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Moi aussi je voudrais avoir les bras chargés de deux cartons de pizzas bien gras ou me faire une petite place autour de cette table couverte de bières, moi aussi je voudrais pouvoir sortir mes petits souliers du dimanche ou raccrocher mon téléphone avec un "A tout de suite!"
Oui j'ai bien rencontré un gros cousin trop enfoncé dans le fauteuil de l'Automobile club, un troupeau de femelles belges (soit mariées et trop fières de l'être, soit célibataires et trop complexées), un libanais avec un gros derrière qui buvait sa bière trop attentivement, une amie d'enfance avec laquelle les conversations évoluent péniblement depuis nos 7 ans, un futur conservateur de musée qui a un peu trop le look de l'emploi, une cousine lointaine perchée sur de très hauts talons et empotée dans ses expériences personnelles, une gentille inconnue qui n'avait pas peur de mes microbes annuels de Saint-Valentin et qui a fait sa valise récemment, une compatriote qui dessinait des arbres généalogiques d'escargots sur le mur de sa chambre, une autochtone instable qui vit sur une péniche et un architecte autrichien dont le prénom fait un peu peur.
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Alors je regarde en l'air et je vais m'empiffrer de polpettine sans partager.
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Polpettine
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300 g de hâché porc-veau
1 gousse d'ail
des feuilles de persil plat
50 g de parmesan rapé
50 g de chapelure
2 jaunes d'oeufs
du très bon vinaigre balsamique
3 cuillères à soupe de farine
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Hâcher la gousse d'ail et les feuilles de persil très finement.
Mélanger tous les ingrédients (sauf le vinaigre et la farine) avec les doigts.
Faire des petites boulettes de 2 cm de diamètre. Toutes doivent avoir la même taille pour que les cuissons soient identiques (même si je dois avouer que personnellement je préfère en faire des différentes pour plus de fantaisie et puis aussi par esprit de contradiction évidemment...).
Rouler les boulettes dans de la farine et les disposer sur un plat de préférence plat, recouvert de papier sulfurisé. Soit on les serre, soit on fait plusieurs fournées, soit on a la chance d'avoir plusieurs plats plats.
Mettre au four à 180-200°C jusqu'à ce que les boulettes soient toute brunes.
A picorer devant la télé avec un cure-dents, trempées dans du très bon vinaigre balsamique.
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Enfin aujourd'hui c'est lundi. Alors ça va!

jeudi 10 avril 2008

MiseS auX pointS

Pour Patoumi à qui j'avais -je crois- promis cette photo (l'originale de la charlotte), qui en plus d'un M et d'un E en trop ou en moins, aurait dû mettre un S à la place d'un C pour que tout soit vraiment parfait, mais qui m'a démasquée...

Ce n'était pas du vieux cake mais des shortbreads dans le trifle.
Juste un petit mensonge pieux comme dirait ma maman puisque c'est vraiment meilleur avec du vieux cake, que ma grand-mère en a toujours dans une grande boîte en métal rouillée sur les coins et que c'est comme ça que je l'aurais fait si j'avais du mal à manger un cake entier, et que sur la photo, c'est quand même assez difficile de faire la différence non?

Pour tous ceux qui prennent la peine de me lire, pardonnez mon manque d'assiduité surtout ces derniers temps. Je vais faire mon possible pour me faire plus hebdomadaire que mensuelle. Avec sans doute moins de recettes (parce que mes séjours dans la cuisine sont assez limités en ce moment pour des raisons très différentes) mais plein d'autres bonnes choses.

Pour tous ceux que j'aurais effrayés avec mon tout premier billet, n'ayez pas peur de me laisser des petits mots. c'est toujours encourageant d'avoir la preuve qu'il y a quelqu'un derrière l'écran.

Pour Patoumi et Mingoumango: j'attends vos commandes!

dimanche 6 avril 2008

A l'heure anglaise


On a commencé par prendre le thé, après avoir partagé un banc dans le parc, à côté d’un gardien noir ou plutôt jaune fluo et discuté de gens qui ne vivent pas dans la réalité.
Un couple de chinois prenait des photos au milieu des jonquilles et le gardien jaune fluo pensait se fondre dans le paysage.

Pas n’importe où ce thé. Chez Fortnum & Mason.

Mais la jeune fille qui a pris la commande ne portait pas de petit bonnet et nous a répondu en français. Elle avait de petites dents et aurait tout aussi bien pu servir chez Mac Donald.

Le thé était cher et difficile à apprécier ; le petit scone insignifiant parmi les milliers déjà servis dans la journée.
Mais j'aime aller là... pour les étiquettes de confiture.

Papa m’ayant permis de choisir quelques pots, le pétale de rose-fraise, le fraise des bois et le lemon curd se sont donc retrouvés dans mon panier d’abord pour leur emballage, et puis parce que je n’aurais jamais osé donner autant pour un pot de confiture, surtout si je le choisis principalement pour son aspect extérieur.

Pour mon plus grand bonheur pour une fois, Papa discutait avec un client entre le rayon des thés parfumés et l'étalage de macarons, me laissant admirer tranquillement mon coin préféré et constater que mes essais personnels ont décidément bien pâle figure...



Dormir dans une chambre d’hotel avec son papa le jour de son anniversaire n’est pas le genre de situation confortable qu’on souhaiterait pour passer d’une année à une autre mais tout commençait bien. Comme je lui ressemble, les gens ne devaient pas se poser trop de questions. Et puis les lits étaient légèrement séparés. Et il y a avait la télé pour combler les blancs et pour garder quelques conversations pour plus tard.

Le restaurant était dans la même rue. C’est Diana qui l’a choisi pour nous.

« Tu as besoin de quelque chose de cher, de chic, avec des gens célèbres ». Elle ne me connaît pas encore assez pour savoir que je voulais « old-fashioned, des serveuses avec des tabliers en dentelle et du trifle en dessert ».

C'était cher, c'était chic, il y avait un sosie de Sarkozy, un autre Papa fier de sa fille qui mangeait ses huîtres avec le même air blasé qu'on prendrait devant une omelette au fromage, le serveur -même s'il était français- a continué à nous parler en anglais, la cuisinière se promenait dans la salle pour vérifier si tout le monde était content, elle portait un tablier avec un gros noeud derrière, un plateau de fromage circulait sur des roulettes autour des tables, et j'ai mangé du homard et du trifle en dessert.






Trifle pommes et mûres comme Bonne-Maman

600 ml de crème fraîche (non allégée!)
2 jaunes d'oeuf
2 oeufs entiers
100 gr de sucre
1 gousse de vanille
un reste de cake un peu trop sec
4 grosses pommes
de la confiture de mûre
canelle
5 cuillères à soupe de Calvados

Emietter grossièrement le vieux cake dans un plat profond et l'arroser de Calvados parce que c'est bon pour son moral et pour le nôtre aussi.
Peler les pommes, les couper en morceaux et les faire cuire à feu doux avec quelques cuillères de confiture de mûre et quelques pincées de canelle.
Préparer la crème anglaise: faire bouillir 450ml de crème avec les graines extraites de la gousse de vanille.
Pendant ce temps, mélanger les deux oeufs, les deux jaunes et 85 gr de sucre dans un grand bol.
Dès que la crème bout, la verser sur le mélange d'oeufs et bien remuer au fouet.
Transvaser ensuite la crème dans la casserole et la remettre sur feu très doux, tout en remuant constamment (au bain-marie si vous êtes courageux). Elle devrait épaissir peu à peu...
Passer au mixer le restant de crème (150 ml) avec le restant de sucre (15 gr) pour en faire de la Chantilly. Attention, pas trop longtemps sinon elle devient solide.
Laisser refroidir les pommes et la crème anglaise.
Couvrir le vieux cake alcoolique avec la compote, puis ajouter la crème anglaise et enfin la Chantilly.
A déguster tiède (enfin c'est mon avis)...

Le trifle est la spécialité de ma grand-mère et je suis la seule à l'apprécier dans la famille. Enfin, depuis qu'on l'a remplacé par des tartes commandées chez Françoise, il n'est plus qu'un bon sujet de rigolade collectif, un lointain souvenir désagréable pour mon oncle, un petit complexe amer pour ma bonne-maman et un invité toujours absent pour moi...

mardi 1 avril 2008

Poisson d'avril

Eh bien non, c'est pas encore pour cette fois.
Jamais je n'aurais pensé que tenir un blog de manière régulière me pomperait tant de temps... Mais comment faîtes-vous?